Meurtre de Mathis : que cache le silence du gouvernement ?
Une semaine après l’assassinat du petit Mathis, 6 ans, à Ngoa-Ekellé, la capitale camerounaise reste secouée par l’atrocité de ce crime. Le pays tout entier pleure l’enfant violemment arraché à la vie, mais l’attente d’une condamnation officielle du gouvernement se prolonge dans un silence assourdissant. Une absence de réaction qui interroge, dans un contexte de forte émotion collective.

Le samedi 10 mai 2025, Mathis a été tué dans des circonstances effroyables par Dagobert Nwafo, son voisin. Selon les témoignages, l’enfant aurait été poignardé à plusieurs reprises, son petit corps littéralement mutilé. Les images insoutenables ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, provoquant une onde de choc nationale.

Les voix de la société civile, du monde artistique, médiatique et politique n’ont pas tardé à se faire entendre. Charlotte Dipanda, Maahlox, Kocee, Sandrine Nnanga, Prince Ndedi Eyango, et bien d'autres figures ont exprimé leur indignation, exigeant justice pour l’enfant et soutien pour sa famille. Les journalistes, de leur côté, ont relayé l’horreur avec force, dénonçant un crime qui dépasse l’entendement.

Mais face à cette mobilisation spontanée du peuple, l’État, lui, tarde à réagir. Aucune déclaration du président de la République, aucun communiqué officiel du gouvernement, aucune visite publique d’un ministre pour exprimer de vive voix une compassion institutionnelle à la famille éplorée.

Seule la ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguene, s’est brièvement exprimée au journal télévisé, évoquant la mise en place d’une cellule d’accompagnement psychosocial. Une réaction jugée largement insuffisante par nombre de citoyens, tant l’attente d’une prise de parole forte, claire et humaine est grande.

Ce silence gouvernemental soulève des interrogations. Pourquoi l’État, prompt à s’exprimer dans des situations bien moins tragiques, garde-t-il ici un silence pesant ? La vie d’un enfant ne mérite-t-elle pas une parole officielle, un geste symbolique, une reconnaissance nationale de la douleur collective ?

Le meurtrier présumé, actuellement soigné après avoir échappé à un lynchage, attend son procès. Les Camerounais, eux, attendent autre chose : une démonstration que l’État sait protéger les plus vulnérables, condamner l’indicible, et dire les mots qui pansent, un tant soit peu les plaies béantes d’une nation meurtrie.

Mathis ne reviendra pas. Mais sa mémoire exige qu’on ne détourne pas le regard, qu’on ne banalise pas l’horreur, qu’on n’oublie pas. Le silence n’est pas toujours neutralité. Parfois, il est complicité.

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