Faustin Archange Touadera: De la Crypto-monnaie pour tuer le Fcfa ?

Depuis près d’un an, le Président centrafricain a entrepris des démarches pour faire du bitcoin, une monnaie officielle de son pays. Celles-ci se sont accélérées au fil des dernières semaines. Aujourd’hui, Bangui y est, le gouvernement a procédé au lancement du Sango ce dimanche 03 juillet 2022. 

Pourquoi la cryptomonnaie en Centrafrique ?

Le Sango, monnaie alimentée par la technologie blockchain. Se présente donc comme catalyseur de la tokénisation des vastes ressources naturelles du pays, et est vue comme l’initiative économique la plus progressiste en Afrique et ailleurs.  Ce projet de mettre sur pied une monnaie électronique en Centrafrique apparait dans un contexte où le pays est bloqué de toutes possibilités d’aide financière. Ce dernier connait depuis plusieurs années un embargo sur les armes, le gel des avoirs ainsi qu’ un interdit pour certaines personnalités de voyager.  Privé de toutes aides budgétaires venant d’habitude de la France, de la Banque Mondiale et du FMI, les autorités centrafricaines dans le souci de recevoir l’aide par d’autres moyens des pays amis à l’instar de la Russie, ont trouvé bon de faire recours au chemin électronique.  

Sango, une stratégie anti-impérialiste ?

Devise numérique reposant sur la technologie de blockchain, qui prétend
assurer la sécurité la transparence, ainsi que la fiabilité de toutes les transactions, le Sango n’aura pas d’existence physique, ni de cours légal. De ce fait, le Sango devient donc une monnaie incontrôlable par la Banque Mondiale, la Banque Centrale Européenne, ni par la BEAC.  Elle n’est pas fabriquée en France et n’est arrimée à  aucune autre monnaie. Le Sango se présente donc comme
une monnaie indépendante, qui subit uniquement le contrôle de son État. Elle est une stratégie anti-impérialiste pouvant permettre à la Centrafrique d’avoir une certaine indépendance monétaire. 

Vers la fin du Franc Cfa ?

Considéré comme l’un des éléments à l’origine de la faiblesse économique de tous ses pays membres. Le Fcfa, monnaie fabriquée dans une banlieue française sous le joug de la France, contribue selon plusieurs africains à l’asservissement de ses pays membres.  La stratégie centrafricaine se perçoit comme une façon de s’éloigner de la monnaie coloniale au profit de la cryptomonnaie. Une stratégie qui ne laisse pas d’ailleurs les institutions monétaires, à l’instar de celles de Bretton Woods, indifférentes. L’acte posé est très fort car comme s’interrogent plusieurs : « Jusqu’où pourrait arriver le President Touadera ? ». A celle-ci, d’autres ont pour réponse, « À la création d’une monnaie centrafricaine ».